dimanche 1 février 2015

Crise de Foi, ou Un bon coup de Rouge [Corvis]

OPUS 1

Quand le ciel devint rouge au sortir de la nuit
Et que le vent mourut dans un dernier soupir
Le monde se signa et s’attendit au pire
Comme Jésus sortait de l’ombre de son puits

La Bible avait prédit sa résurrection
Mais n’avait prévenu quel serait son hobby
Ainsi l’Enfant de Dieu s’éveilla en zombie
Prêt à oindre de sang pour l’extrême onction

Jésus mordit ses fils et dévora ses ouailles
L’armée des morts grossit sur le champ de bataille
Et au sein des agneaux grandit le désespoir

Le pape se pendit sur la place Saint-Pierre
Les Cardinaux meurtris brulèrent le Saint Suaire
Dans le stupre et le viol, mais c’est une autre histoire.



OPUS 2

Dans une cave humide et salie par les âges
Charlie se déboucha une bouteille opaque
Lui et ses compagnons fêtaient dignement Pâques
Alors que là dehors, le chaos faisait rage

Il leur versa un vin aux arômes puissants
Un jus rouge et épais pour oublier l’enfer
Mais quand dans leur gosier vint le relent de fer
Ils vomirent leur saoul ; le vin, c’était du sang !

Aux quatre coins du globe on crachait sa liqueur
Les survivants geignants, secoués de hauts-le-cœur
Ne pouvant plus noyer leur terreur dans l’alcool

Leur breuvage vermeil devenu jus d’entrailles
Le laissèrent cailler sans plus de funérailles
Et en furent réduits à sniffer de la colle.





OPUS 3

Assoiffée et transie, frayant dans les décombres
La pauvre Nathalie se cherchait un refuge
Léon, son compagnon, saucé par le déluge
Ne vit pas les tessons qui se cachaient dans l’ombre

Tâtonnant dans le noir, il s’entailla l’épaule
La main et l’avant-bras en longue estafilade
Sur les lèvres de Nat gicla sa raisinade
Qu’elle sentit brûler du bouquet de la gnôle !

Fluide et parfumé, leur sang était du vin
Grisée par les vapeurs, se retenant en vain
Elle ouvrit ses poignets et but jusqu’à la mort

Le bruit couru bientôt, et l’Homme fut vampire
S’enivrant aux vaisseaux et trinquant en satyre
Pour apaiser sa soif sans montrer de remords.



OPUS FINAL

Alors que l’Hominien saignait comme un pourceau
Jésus le putréfié, rond comme un polonais
La cuite allègre dans le jour qui déclinait
Resservit Mahomet au cou d’un jouvenceau

Moise en titubant, complètement torché
Tentait de séparer son pipi en deux jets
Alors que Gros Bouddha, l’air hagard et figé
Psalmodiait des mantras entre deux rots lachés

Attablés au charnier, les Dieux faisaient bombance
Vidaient des carotides et remplissaient leur panse
Au son des agonies et des pleurs incessants

Et pour porter un toast à ce festin sévère
Hilare et aviné, Jésus leva son verre
Et s’esclaffa : « Buvons, car ceci est leur sang ! »








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