Les
deux adolescentes venaient de passer le seuil du vieux manoir. Le
comte les observait depuis un coin obscur. Bien qu’il ait adopté
ce pseudonyme, il n’appartenait à aucune lignée donnant droit à
un tel titre de noblesse et n’était qu’un squatteur en cette
demeure abandonnée. Il prit le temps d’observer ses futures
victimes, elles n’étaient pas bien âgées, tout au plus une
quinzaine d’années, et sentaient la vierge en quête de romance,
ses victimes préférées. Le retour en grâce du mythe du vampire
romantique était une véritable bénédiction pour lui. Fini les
fans de Buffy se croyant de taille à chasser le vampire, presque
fini les gothiques dépravés et leur maquillage à outrance qui lui
donnait la nausée et qu’il fallait nettoyer avant de pouvoir
consommer. C’était désormais un véritable âge d’or pour lui
avec ces midinettes à la recherche du grand amour impossible qui se
jetaient dans la gueule du loup, aveuglées par leurs fantasmes de
romantisme pur et d’abstinence.
La
première des adolescentes était une petite brune, légèrement
enrobée ; selon les critères du comte elle était parfaite,
contrairement à la seconde, une blonde plus élancée aux vêtements
aguicheurs et qui, elle, était refaite. Il ne pouvait s’empêcher
de penser que la chirurgie esthétique aussi jeune devrait être
interdite, la qualité du produit était irrémédiablement
contaminée. C’est pour cette raison qu’il commencerait par
celle-ci pour la faim afin de garder le meilleur pour la fin.
Il
était temps de passer au premier acte, les préliminaires :
commencer à instiller une atmosphère angoissante, propre à faire
monter le sentiment d’insécurité dans l’esprit de ces
demoiselles au demeurant fort impressionnables. Il fit se refermer
violemment les battants de la porte massive dans un terrible
vacarme ; ce n’était pas très original mais l’effet était
toujours aussi efficace, et il ne voyait pas de raison d’innover
quand les grands classiques avaient fait leurs preuves.
Deuxième
étape : diviser pour mieux régner. Il s’en tenait toujours
aux fondamentaux. Il ne comprenait pas le goût des humains pour les
challenges : lui n’avait de goût que pour le sang et la
souffrance et ne ressentait pas le besoin d’innover ; il ne
voyait pas l’intérêt de chercher la nouveauté quand la méthode
fonctionnait. Pour séparer les demoiselles, il usa de son pouvoir
psychique, distillant une légère confusion pour leur faire oublier
leurs intentions de rester ensembles puis il ne restait plus qu’à
suggérer à la première que son nom était appelé en haut de
l’escalier tandis que la seconde ressentait le même appel dans la
direction opposée.
S’il
avait décidé de commencer par la blonde, il ne voulait pas priver
la seconde du spectacle, c’est pourquoi il partit à sa rencontre
en premier afin de la capturer. Il l’avait attirée dans la grande
salle où il avait l’habitude de prendre ses repas. La salle était
immense, vide de tout mobilier, avec un grand âtre. Il se glissa
sournoisement derrière elle sans un bruit alors qu’elle explorait
la pièce du regard à la recherche de cette voix qui l’avait
appelée. Il murmura « derrière » à son oreille et au
moment où elle tourna la tête il se déplaça en un éclair pour se
retrouver de l’autre côté. Ne voyant rien derrière elle, elle se
retourna à nouveau pour se trouver cette fois-ci nez à nez avec son
hôte affichant un sourire morbide. Sous le coup de la surprise elle
perdit complètement l’équilibre et se heurta violemment les
fesses sur le sol en pierre.
De
toute évidence, le comte ne correspondait pas à ce qu’elle
s’attendait d’un vampire ; sa peau était grisâtre, il
n’avait pas de cheveux ni de nez, ses dents étaient aussi sales
que pointues et son visage était parsemé de rides profondes –
plus proche de Max Schreck en Nosferatu que de Robert Pattinson.
Transie de peur elle tenta de se relever pour fuir, mais il la saisit
alors par la cheville pour la propulser violemment sur le mur le plus
proche. Sous le choc, sa jambe droite se brisa, le tibia ressortant
ensanglanté au milieu de celle-ci. La jeune fille ne sentit pas la
douleur ; elle avait immédiatement perdu connaissance, mais le
réveil serait douloureux.
Le
comte pris le temps de cautériser la fracture ouverte afin de ne pas
gâcher le sang s’écoulant de la blessure, non sans en avoir goûté
quelques gouttes qui l’avaient mis en appétit. Il l’attacha
ensuite au mur par les poignets avec des chaînes rouillées mais
parfaitement solides, entièrement nue, les pieds balançant à
quelques centimètres au-dessus du sol. Puis il alluma un feu dans le
foyer de la cheminée afin qu’elle ne prenne pas froid. Il avait,
dans ses jeunes années de vampire, fait l’erreur de conserver
ainsi une victime trop longtemps dans le froid et elle était tombée
malade ; les anticorps dans le sang lui avaient conféré un
goût acide extrêmement désagréable et il avait été obligé à
contrecœur de se débarrasser de ce produit périmé.
Maintenant
que le copieux déjeuné du lendemain était prêt, il s’était mis
en chasse de son repas du soir. Il commença par distiller la peur
par petites touches : un courant d’air glacial, le claquement
d’une porte, une ombre qui passe à la limite du champ de vision.
Tout cela pour l’amener là où il voulait qu’elle arrivât.
Quand la jeune femme vit son amie attachée au mur, reprenant à
peine conscience, la terreur atteint son summum ; elle ne put
s’empêcher de lâcher faiblement un « oh mon Dieu ! ».
Son amie qui avait retrouvé partiellement ses esprits vit le vampire
arriver dans son dos mais ne put la prévenir que trop tard.
Le
comte la saisit par les poignets, l’entraînant dans une valse
improvisée, la tenant si fort qu’elle ne sentait plus ses mains et
se débattait en vain. Finalement il s’immobilisa, la tenant
fermement contre lui et l’embrassa sur ses lèvres colorées d’un
rouge à lèvre rose bonbon. Elle avait presque arrêté de se
débattre lorsque d’un coup de dent il lui arracha une partie de sa
lèvre inférieure. Il la relâcha alors après avoir pris le temps
d’observer avec délectation son visage se transformer sous la
douleur. Après avoir sucé le peu de sang qu’il contenait, il
recracha le bout de chair sur le sol et dit avec un sourire lugubre :
« Je le savais, une couleur plus sombre sur les lèvres vous
met bien plus en valeur ».
La
jeune fille à peine libre et prête à abandonner sans remord sa
camarade s’était précipitée sur l’unique porte de la pièce
qui demeura fermée malgré ses assauts hystériques. Alors qu’il
s’apprêtait à retourner à l’attaque, il fut interrompu par la
brune qui lui lança : « Vous êtes un véritable malade
mental ». Amusé de la remarque, il délaissa un temps sa proie
pour se retourner et répondre à celle-ci : « Désolé de
vous contredire très chère, mais je ne suis absolument pas un
malade mental même si cela vous déplaît. Un humain qui agirait
comme moi pourrait à juste raison être taxé de maladie mentale car
agissant contre nature. Pour ma part je suis en parfait accord avec
ma nature et ne mérite nullement cette appellation. Les seuls
malades mentaux parmi les vampires sont ceux qui vous font fantasmer
et qui préfèrent boire du sang animal ou de synthèse par respect
pour la vie humaine. Mais je doute que de telles créatures
existent. » Puis, laissant sa détractrice sans voix, il s’en
retourna à ses occupations qui continuaient de s’acharner sur la
porte.
Il
la saisit par un poignet pour la faire se retourner mais dans un élan
de courage elle lui porta un coup de sa main libre, lui infligeant
quatre profondes griffures. Il fut amusé de la voir désemparée en
ne voyant pas la moindre goutte de sang couler de ces blessures. Elle
tenta de porter une seconde attaque mais le comte était désormais
sur ses gardes et il l’évita sans problème, rattrapant la main au
vol d’un coup de mâchoire. Renforçant sa prise, il finit par lui
arracher les quatre phalanges qu’il maintenait dans sa bouche
tandis que de l’étreinte de sa main il brisait les os de son autre
main en centaines de fragments.
Submergée
de douleur et de haine, la jeune fille criait et pleurait toutes les
larmes de son corps sans pour autant abandonner sa lutte et elle
continuait de se débattre en lui donnant de violents coups de pied
dans les tibias. Bien qu’il trouva ses tentatives de lutte plus
amusantes qu’ennuyantes, il balaya ses jambes d’un mouvement
ample du bras et la fit basculer pour heurter le sol dans un choc qui
interrompit brièvement ses jérémiades. Il maintint ses jambes en
appuyant ses genoux au-dessus de ceux de la jeune fille et saisit les
chevilles de ses mains avant de tirer un coup sec qui brisa les deux
genoux, lui arrachant un cri de douleur jubilatoire. Cependant,
malgré ses deux mains estropiées, elle continuait à agiter les
bras dans sa direction, comme s’ils pouvaient être du moindre
secours contre son assaillant. Pour couper court à ce brassage de
vent, le comte abattit le tranchant de ses mains sur les épaules de
sa victime et ses bras retombèrent mollement sur le sol dans une
position qui semblait bien plus appropriée.
Elle
était désormais à peine consciente et n’était plus agitée que
de soubresauts. Il profita de ce moment d’accalmie pour corriger le
petit défaut qu’il lui avait trouvé au premier coup d’œil.
Après lui avoir arraché son haut-de-corps, il entreprit d’inciser
sa poitrine avec un ongle avant de plonger sa main pour en ressortir
ce corps étranger de silicone ; il procéda de même avec le
second sein avant de laisser les plaies se refermer sous l’effet de
sa salive, finissant de lécher l’hémoglobine répandue avant
qu’elle ne coagule.
Le
comte n’oubliait pas que la jeune fille au sol était venue
chercher l’amour et il s’apprêtait à lui en donner. Bien sûr
il ne possédait pas de cœur pouvant alimenter un système
vasculaire et était donc dans l’incapacité d’avoir la moindre
érection. Mais sa libido était morte avec lui pour laisser place à
un goût pour la souffrance, et pour cela il n’avait nul besoin de
pénis, les chasseurs de vampires qui lui avaient rendu visite par le
passé s’étaient chargés de lui amener tous les ustensiles
nécessaires à une soirée romantique réussite.
Elle reprenait à peine
conscience quand il revint avec un sac rempli de ses instruments de
torture ; elle gémissait comme si elle n’avait même plus la
force de pleurer. Le comte aurait donné cher pour savoir ce qu’il
se passait dans sa tête, mais la perte de toute empathie faisait
partie des contreparties de son immortalité. Pendant ce temps, la
petite brune toujours suspendue continuait de hurler et de
l’insulter, ce n’était pour lui que des mots doux qui
accroissaient son excitation.
Pendant
qu’il finissait de déshabiller sa victime en lui arrachant ses
vêtements, il parcourait son corps avec un pieu de bois, infligeant
régulièrement de petites incisions auxquelles il s’abreuvait
goulûment. Quand il fit pénétrer le pieu dans son intimité, elle
retrouva les forces de pousser un cri qui se mut rapidement en une
longue complainte. Le vampire se retourna alors vers son autre
captive et dit d’un ton amusé : « Je les fais toutes
crier, et sans me vanter je sais qu’aucune n’a jamais simulé »
avant de partir dans un rire sinistre alors que ses actes
redoublaient de violence. Une fois que les possibilités offertes par
le pieu furent épuisées, il l’échangea contre un couteau de
chasse parfaitement aiguisé.
La
torture s’était poursuivie plus d’une heure lorsque sa victime
poussa son dernier soupir dans un râle si tenu qu’il était à la
limite de l’audible : les festivités s’achevaient. Il se
dépêcha de finir son repas en plantant ses crocs profondément dans
la jugulaire. Il fallait boire le sang tant qu’il était encore
frais, c’était une denrée si périssable et il ne voulait pas en
rater une goutte. Il y avait un temps pour les réjouissances et un
autre pour satisfaire son appétit ; le second était arrivé.
Sa
captive avait arrêté de l’interpeller et se contentait de pleurer
à chaudes larmes. Il remit du bois dans l’âtre de la cheminée,
sa survie le préoccupait… pour l’instant. Finalement, il
s’approcha avec un verre d’eau et la força à boire en estimant
bon d’expliquer : « Tu ne voudrais pas mourir de
déshydratation à pleurer ainsi. » Puis il lui souhaita une
bonne nuit, passant tendrement sa main sur sa joue, récoltant ses
larmes sur ses doigts. Il s’en alla ainsi, portant ceux-ci à
l’orifice qui lui tenait lieu de nez ; l’odeur de peur
contenue dans ces quelques gouttes avaient un effet enivrant pour
lui. Il n’avait pas besoin de dormir pour sa part, contrairement à
la jeune femme épuisée par tant d’émotions, mais il était repu
et la vider à cet instant aurait été contre-productif ; elle
lui servirait de déjeuner pour le lendemain.
Il
revint dans la nuit alimenter le feu, la demoiselle avait fini par
s’assoupir d’un sommeil agité. La danse des flammes projetait
une lueur vacillante sur son visage qui avait quelque chose
d’hypnotique. Il l’observa, immobile dans un coin de la pièce,
attendant qu’elle se réveille. La lumière du matin pénétrait
avec mal par l’unique ouverture calfeutrée quand elle reprit
conscience. Ses pleurnicheries ne tardèrent pas à revenir alors
qu’elle n’avait toujours pas remarqué sa présence, caché dans
l’obscurité du fond de la pièce. Cette salle avait l’avantage
de n’être que peu baignée par la lumière du jour, même lorsque
la lucarne n’était pas encore obstruée ; le vampire ne
savait pas si l’architecte ayant construit la demeure était
incompétent ou si les propriétaires l’ayant fait bâtir
partageaient son aversion pour le bronzage, mais il leur en était
grès.
Quand il se rapprocha d’elle,
sortant de l’obscurité totale, et qu’elle l’aperçut, ses
larmes s’intensifièrent et elle le supplia « Pourquoi vous
ne me tuez pas qu’on en finisse ? » Le comte qui avait
fini par s’accoutumer au manque de patience des humains ne se
formalisa pas de cette requête et répondit naturellement « Mais
rien ne presse ma chère, chaque chose en son temps et au final nous
serons tous les deux satisfaits. » et il s’approcha jusqu’à
pouvoir plonger ses crocs dans le cou de la jeune fille. Alors qu’il
puisait quelques gorgées pour se requinquer il pouvait sentir sur sa
peau tendre la douce odeur de la terreur qui la parcourait et
ressentit le courant électrique qui la faisait frissonner de ce
qu’on appelait communément la « chaire de poule ».
Quand
il la relâcha, elle trouva la force de se débattre, essayant
vainement d’arracher ses chaînes, mais ne réussit qu’à se
cisailler les poignets et fut rapidement abandonnée par ses forces,
plongeant un peu plus dans le désespoir. Il la maintint en vie toute
la journée, réussissant à la forcer à boire. Malheureusement, les
humains ne se conservaient que peu de temps, préférant se laisser
mourir ; il dut se résoudre à s’occuper d’elle de manière
plus définitive le soir venu. Viendrait ensuite cette période de
vache maigre de la semaine où les visites étaient rares, à
attendre le prochain week-end que d’autres intrépides arrivent.
Mais il aurait bien le temps de se soucier de ça le lendemain.
Il
commença doucement par de petites entailles avec ses ongles à
différents endroits de son corps, léchant le sang s’en écoulant ;
les préliminaires étaient extrêmement importantes et il ne se
lassait pas de les faire durer. Sa captive ne bronchait pas, elle
semblait avoir décidé de lui refuser le plaisir de l’entendre
gémir et elle se retenait, intériorisant la douleur tout en mordant
fermement ses lèvres. Mais le vampire savait que les femelles
humaines avaient cette tendance à feindre l’indifférence comme
technique de séduction. Au lieu de lui gâcher son plaisir, cette
entreprise n’avait qu’augmenté son excitation et sa soif.
Quand
sa main plongea entre ses cuisses elle n’émit pas le moindre son,
fermant les yeux et serrant les dents de toutes ses forces. Les
ongles acérés du vampire multipliaient les coupures aux lèvres
avant de s’enfoncer plus profondément. Il s’agenouilla et entama
un cunnilingus ; le sang avait un arrière-goût de cyprine mais
restait potable. D’un coup d’ongle, il lui offrit une excision
artisanale qui lui arracha enfin un cri déchirant, comme un condensé
de tout ce qu’elle avait retenu jusque-là. Le comte prolongea ses
succions jusqu’à ce que le flot de sang fut tari.
Il se redressa et remarqua
qu’elle avait les lèvres ensanglantées à force de les avoir
mordues si fort et il ne put se retenir de l’embrasser, obligé de
saisir fermement sa tête afin de l’empêcher de se débattre. Elle
essaya en vain de lui rendre la pareille en le mordant, mais sa
tentative fut un échec ; elle réussit cependant à le faire
reculer et lâcher temporairement son étreinte. Puis il enfonça ses
dents dans son cou, laissant le sang couler doucement dans sa gorge.
Il
lui arracha ensuite le téton droit d’un coup de dents et entreprit
de s’y abreuvoir. Un psychanalyste aurait probablement vu dans cet
acte les manifestations d’une frustration freudienne. Mais il
n’était pas humain et ne voyait dans le sein qu’une partie du
corps parfaitement vascularisée et facile à prendre en bouche. Puis
il passa au second mamelon, il savait que les femmes aimaient que
l’on ne néglige aucune zone érogène.
Alors
que la jeune fille était au bord du malaise, il lui accorda quelques
heures de répit afin qu’elle puisse se reposer. Il voulait que cet
instant privilégié dure toute la nuit et il se devait de la
ménager. Il revint ensuite avec son couteau qu’il avait pris le
temps de nettoyer et d’affûter depuis la veille. Encore une fois
il ne négligea pas une seule zone érogène, jouant de la lame comme
un chirurgien du bistouri, prenant bien garde de ne jamais lui
infliger de blessure mortelle.
L’aube
n’était plus très loin quand il sentit qu’elle était sur le
point de flancher définitivement. Il planta ses crocs dans son cou
et sentit la vie la quitter doucement, accompagnant le sang qui
quittait ses veines. Vidée de ses forces elle sembla s’éteindre
doucement et paisiblement, ses muscles se relâchant jusqu’à ce
qu’elle pende inanimée. Le vampire finit de boire sa veine jusqu’à
la dernière goutte prélevable et quand il la lâcha elle vacilla un
instant au bout de ses chaînes comme une marionnette au bout de ses
fils.
Il
se débarrassa des corps en les incinérant dans la grande chaudière
se trouvant dans le sous-sol de la bâtisse. Les vêtements suivirent
les cadavres ; le vampire ne conserva que les portefeuilles et
les téléphones portables. Il n’avait pas lui-même usage de ce
type de biens matériels, mais il s’agissait de la commission pour
la responsable de l’office du tourisme qui lui envoyait tous ces
visiteurs dans sa demeure pittoresque, il les déposerait dans
l’entrée où elle pourrait venir collecter sa part du deal.
En regardant les corps calcinés
à travers les flammes, il se dit qu’il serait temps qu’il envoie
enfin une lettre à toutes ces auteurs à succès qui avaient fait de
lui un fantasme d’adolescente pour leur dire à quel point il était
fan et comment leurs œuvres avaient changé son existence.
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