mercredi 1 octobre 2014

La Nuit 2 [Corvis]

Tout d’abord, prendre conscience de l’inéluctabilité. Tu es nu dans la fraicheur du soir, et pourtant la chaleur t’empêche de t’endormir. Le sang accourt et pulse entre tes jambes. Vision fiévreuse. Lutte, mais finalement décision, résolution : faire glisser sa main. Des espoirs ouatés peuplaient tes paupières closes, tu voyais son sourire, tu sentais son parfum, tu entendais son rire qui berçait ta somnolence, et maintenant c’est son corps et une toute autre odeur qui circule dans ton crâne.
Allongé, attendre un peu. Le temps de prendre de l’assurance. De faire jouer ton sexe entre tes doigts jusqu’à ce qu’il soit plein et enflé. Tu caresses en douceur cette chair qui se dresse. La sensation se répand. Il y a une main, il y a une verge, il y a une respiration qui prend de l’ampleur. Tu imagines ce cœur que tu voudrais prendre, et cette bouche, et ce corps que tu voudrais prendre, et qui ne sera probablement jamais contre le tien. Dans un frisson tes doigts se referment, tu tires délicatement sur la peau et le gland se dévoile, rond et sombre. Resserrer sa main comme un fourreau, se caresser lentement en tâchant de faire le moins de bruit possible. Tu ne voudrais réveiller personne. L’autre main sur un sein invisible, tu amorces le va et vient. Doucement tout d’abord. Subtil mouvement qui découvre ta prune, la recouvre, et la découvre encore. Une valse ample et souple qui t’emmène du prépuce à tes bourses, comme tu traînes sur ce membre durci. Ton cœur bat fort. Tu l’aimes, et plus encore tu la désires. Le plaisir t’enflamme et tu accélères. Tu serres plus fort, tu descends et remontes dans un rythme de piston, avec une légère torsion du poignet, et à chaque passage tu sens d’agréables picotements. Tu veilles à garder la cadence, malgré la fatigue musculaire qui s’installe. Ne pas rompre le sortilège qui t’a enseveli dans un rêve palpable. Tu te masturbes avec ardeur et ta seconde main s’est crispée sur les draps.
Tu fais coulisser la peau, tu arrives dans la dernière ligne droite. Le mercure grimpe dans ton membre, et tu es cueilli par ces battements inhabituels de ton cœur. Tu ne la désires pas seulement. Tu es amoureux. Ton autre main quitte le tissu mouillé. Tu effleures tes bourses. Comme une caresse de ses doigts.
Les étoiles scintillent devant tes yeux. Tes sentiments et tes passions à jamais inavoués te paraissent si loin, comme l’explosion commence dans ton bas-ventre. Ici, tu es au ciel, en sécurité, seul au monde.
Tu jouis. Créature un peu oscillante, tu éjacules tranquillement face à la nuit, dans un silence feutré. Et en déversant ton sperme sur un côté du lit, tu penses encore à elle.

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