Chez les Rockfeller, chaque dimanche depuis des années
ils organisent le repas de famille. Dans un grand pavillon, avec perron, une
pelouse verte bien tondue, plus propre qu'un terrain de football. Puis sur le
côté une allée en béton pour laisser place aux véhicules. Au fond se termine un
atelier dont l'accès est réservé au grand-père, Richard. A l'intérieur, le luxe
est dans toutes les pièces. Chêne, marbre, cuir, cristal, la qualité se déchaîne
à n'en plus finir.
L'argenterie porte même les initiales du patriarche
"RRK", Rickard Rockefeller King. Malgré l'atmosphère d'empire,
l'attitude de chaque membre de la famille semble commun. Pendant que la
maîtresse de maison annonce l'arrivée de la mise en bouche. Le petit Joey qui
jouait dans le jardin a disparu. Introuvable dans la maison, le jeune farceur
âge de 9 ans défie les règles en s'introduisant dans l'atelier privé de son
grand-père. Sachant la nouvelle, Richard s'empresse de le rejoindre. L'enfant
est immobile devant un objet étrange, le plus étrange même de tout
l'atelier.
- Comment es-tu rentré ici Joey ? demande Richard.
- Papy, c'est quoi ça ?
- Je t'ai posé une question.
- Je t'ai posé une question.
- Je te répondrai quand tu répondras à la mienne,
déclare Joey.
- T'es dur en affaire, comme ton père. Après tout le
repas attendra 5 minutes.
Richard saisit 2 chaises et commence son récit.
"Petit, je ne savais pas quoi faire
comme métier. N'étant pas très bon à l'école ni ailleurs, ça inquiétait mes
parents. Mais je m'en moquais. Par contre j'avais une passion, tous les week-end
avec mon grand-père on allait à la pêche, j'aimais bien. Je n'attrapais jamais
rien et le problème c'est que je faisais trop de bruit, ça effrayait les
poissons. Mais un jour, après m'être disputé avec mon frère pour je ne sais
plus quoi, j'ai décidé de lui piquer cet instrument. Je l'ai modifié pendant
longtemps dans le but de me venger. Mon frère pratiquait la musique, il avait
plusieurs instruments et en double. Il n'a jamais fait attention qu'il lui en
manquait un. Il l'a su après coup. Un beau jour, à la pêche, je casse une
corde, mon grand-père était furieux. En rentrant chez moi, j'ai eu l'idée d'en
prendre une de cet instrument là que tu vois. Evidemment, ce n'était pas
compatible. J'ai donc décidé de l'utiliser pour pêcher."
L'enfant écoute son grand-père avec
stupéfaction. Il ne peut s'empêcher de le bombarder de questions. Mais Richard
s'empresse de le réduire au silence, car il sait que la colère de sa femme pour
un retard au repas fera l'effet d'une bombe atomique.
"Tu veux donc savoir comment, hein Joey ? C'est
très simple. J'ai détaché la corde la plus grave, je lui ai ajouté une longueur
puis je l'ai enroulée autour du vibrato, c'est pour faire les vibrations avant
que tu me demandes. Comme ça je pouvais remonter facilement la ligne. Bien sûr
j'étais le seul à penser pouvoir pêcher avec ça, mais pendant mon bricolage je
ne dérangeais pas mon grand-père et ses amis. Le seul bémol c'est que je ne
pouvais mettre de crochet, impossible d'y mettre un appât sans, car les vers
sont trop fins. J'ai donc pioché dans les rations de mon grand-père, j'avais
rien d'autre, j'ai attaché des bouts de saucisse en guise d'appât. Quand j'ai
testé ma nouvelle canne, tout le monde rigolait. Mais il s'est passé quelques
chose d'étonnant. J'ai polarisé tous les poissons et les pêcheurs à la fois.
Les vibrations que je produisais en jouant des notes, se ressentaient jusqu'au
fond de l'eau. Au lieu de les effrayer au contraire les poissons se battaient, se laissaient attraper, ils étaient comme possédés, sous mon emprise. Les pêcheurs
eux étaient juste curieux, car il n'avaient, du coup, plus rien à pêcher. Avec
mon grand-père nous avons déposé plusieurs brevets. L'astuce était tellement
efficace qu'à chaque fois on avait peur de manquer de bouts de saucisses. C'est
grâce à ça que notre famille modeste de base jouit aujourd'hui d'une grande
notoriété. Maintenant que tu connais tout, Joey tu dois me dire comment tu es
rentré ?
- Papy, tu avais laissé la porte ouverte. "
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