Jeanne regardait la télévision avec assiduité. Son père n'appréciait pas cette activité, mais lui laissait ce loisir. L'un des rares qu'il lui était permis. Il savait qu'elle se focalisait sur cette machine irritante dès qu'il avait le dos tourné. La jeunesse... Donatien entra dans le salon pour vérifier si tout allait bien. Elle était comme hypnotisée par un feuilleton. Il mordit sa lèvre inférieure quand il remarqua que monsieur Accadis somnolait sur son fauteuil, seulement revêtu d'un caleçon, non loin d'elle.
Donatien embrassa le front de son enfant, une ravissante blonde svelte de seize ans, habillée d'une robe d'été hors saison. Elle fit mine de l'ignorer.
Le « Pater Familias » observa Accadis avec désappointement.
— Notre ami se laisse aller.
— Il est chez lui, Père. Il me dérange seulement quand il ronfle... ou lorsqu'il change de chaine pendant que je regarde mon émission.
Surprise par un rebondissement, Jeanne prononça un mot péjoratif à l'encontre d'une avocate véreuse qui mentait. Elle fixait l'écran avec dévotion.
— Les jurons sont à proscrire, objecta-t-il. Une forte tête dans les parages me suffit.
— C'est vieux comme terme. On dit « gros mot », répondit-elle, évitant un ton par trop dédaigneux.
Il se sentait gêné.
— Je me suis toujours habillé de façon convenable, même devant ta mère, dans l'intimité. Passons. Où est Octave ?
— Le sinistre végète dans la cuisine.