mercredi 1 août 2012

... [Southeast Jones]



      – Il est minuit ! lança Georges. Je vous souhaite à tous une bonne et heureuse fin du monde !
       Le vingt-et-un décembre… C’était aujourd’hui que nous allions savoir. Naturellement, on n’y croyait pas trop, mais après tout, pourquoi ne pas fêter ce jour comme il se devait ? Si tout s’arrêtait aujourd’hui, nous passerions au moins nos dernières heures dans la joie et la bonne humeur ; dans le cas contraire, cela nous donnerait l’occasion de célébrer la vie. Les filles avaient cuisiné toute l’après-midi pendant que Georges et moi installions le télescope dans le jardin et allumions le brûle-tout. Nous avions festoyé comme jamais et sans doute bu un peu plus que de raison. La nuit était claire, s’il devait se passer quelque chose dans le ciel, nous ne devrions pas le manquer. C’est vrai que l’on prenait ça à la rigolade, mais à franchement parler, qui ici aurait osé jurer qu’il ne ressentait aucune appréhension ? Nous nous installâmes confortablement et nous trinquâmes avec nos tasses de vin chaud. Les parois du brûle-tout rougeoyaient faiblement, nous étions bien. Prune et Nicky finirent par s’endormir. J’en profitai pour accepter le cigare que me présenta Georges ; Nicky ne supportait pas que je fume. La nuit était calme, pas même l’ombre d’une étoile filante. Pour tromper l’ennui je pris quelques clichés de la Lune. Vers quatre heures du matin, je commençai à envisager de réveiller tout le monde – Georges avait fini par s’assoupir, lorsque quelque chose changea. C’était très subtil, il flottait dans l’air comme un parfum de roses. Vint ensuite la musique, une musique telle que je n’en avais jamais entendue auparavant… Cela semblait provenir de partout à la fois et se rapprochait. J’hésitais encore à réveiller les autres pour ce qui n’était peut-être qu’un effet de mon imagination. Prune ouvrit les yeux et décida pour moi. Personne ne disait rien, nous étions partagés entre crainte et incrédulité. La musique – indubitablement celle d’un orchestre, était maintenant suffisamment audible pour avoir réveillé d’autres personnes. La lumière s’allumait dans la plupart des maisons de nos rares voisins, certains étaient déjà dans leur jardin. Quelque chose de brillant passa soudain dans le ciel, je plongeai vers le télescope ; d’autres objets apparurent, défilant en rangs serrés et réguliers, bien trop réguliers pour que ce phénomène put être qualifié de naturel. L’étrange manège dura près de deux heures et s’arrêta aussi brusquement qu’il avait commencé. Le silence se fit et sans transition, une vive clarté embrasa le ciel. Nous restâmes là, figés de stupeur alors que les accessoiristes commençaient à démonter le décor et que dix milliards de voix hurlaient de terreur.

FIN

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